Les usages du terme diaspora
Les diasporas. Stéfane Dufoix.
Avec le temps le terme diaspora a connu une transformation du rapport à l'espace et au temps.
Analyse sémantique.
Le terme diaspora apparaît pour la première fois au 3e siècle après JC. C'est un néologisme que l'on découvre dans la traduction grec de la bible hébraique : « la bible des septantes ». Diaspora y apparaît 13 fois, il n'est pas la traduction de galut (dispersion).
La diaspora est une menace proféré par dieux aux hébreux s'ils ne respectent pas les commandements. La diaspora est une malédiction, une épée de damoclèse.
Diaspora ne traduit pas l'expérience de la déportation juive, il n'est jamais utilisé dans le cadre d'un exil. Ce mot, grec n'est pas la traduction d'un terme juif.
Diaspora a été utilisé pour décrire la colonisation des grec. Cependant le terme utilisé par les grec est apoikia.Ce terme désigne la notion d'habiter au loin, apoikia se réfère à un centre, il s'agit d'une migration ayant pour objectif de former une colonie. Apoikia définit une relation forte d'un centre vers la périphérie.
Le monde juif a connu entre les IIe et IIIe siècles après JC des transformations importantes.
Le grec s'est imposé comme langue fondamentale aux dépend de l'hébreu. La diaspora (malédiction) est associé à la destruction du second temple de Jérusalem. Certains juifs interprètent la destruction du temple comme une punition de dieu dont les romains n'e sont que l'instrument. C'est dieu lui-même qui a voulut la destruction du temple, la diaspora.
La destruction du temple entraine une migration des juifs. Pour conserver un lien communautaire au delà du centre politique, les hébreux se recentrent autour de la religion et de la langue. Cette rennaissance du rythme religieu et de l'hébreu permet aux communautés juives de rester soudés.
Le raport au temps occupe une place importante, du point de vue religieux, par le rythme des fêtes et des rites. D'un point de vue eschatologique (fin des temps), dieux a imposé la diaspora, c'est lui seul qui rassemblera de nouveaux les juifs mais seulement à la fin des temps. La fin de la diaspora correspond à la fin des temps.
A cette époque diaspora acquière une acceptation d'exil, de rapport au temps et à la religion.
Comment l'évolution contemporaine du terme est liée à la transformation intellectuelle
Avec le temps, ce terme acquiert de nouvelles notions. Il passe du religieu au séculier, du négatif au positif. Le rapport temporel passé-futur qui lie la diaspora à la fin des temps intègre progressivement la notion d'état présent.
Au XVIIe, un siècle après la Réforme du christianisme, une partie de l'église a pour mission d'établir des liens entre toutes les communautés protestantes. Ce nouvel usage du terme diaspora inclus de nouvelles notions et principalement l'absence de centre de décision. Cette nouvelle acception fait intègre le déplacement, la mobilitée entre les minorités, le réseau.
Jusqu'en 1930 diaspora a une acceptation religieuse pour les juifs, les catholiques et les protestants.
Le premier gros changement correspond à la colonisation juive en palestine à partir des années 20 puis la création d'Israël (1948). Le mouvement sioniste prone la loi du retour à la terre promise. La diaspora, au sens de malédiction doit prendre fin. Les sionistes invitent les juifs de toute la planète à regagner l'état d'Israël (loi du retour).
La création d'Israël est le début d'un conflit important entre Israël et les organisation juives des USA notamment. Ceux-ci refuse le retour à la terre, ils appellent au respect la punition de dieu.
Certains juifs de la diaspora refusent l'autorité d'Israël, l'apparition d'un centre de décision politique.
L'autre changement correspond aux mouvements des noirs américains. Dans les années 60 à 75, sur le paradigme du modèl juif, les noirs des USA, revendiquent la déportation et les cicatrices de leurs ancètres.
Se développe alors la notion d'origine, d'attachement à l'Afrique, de lien culturel en oposition à la race. Certains appellent au retour physique ou simplement spirituel sur la terre de leurs ancètres, un pélerinage en Afrique.
A partir de 1975 le terme diaspora prend une consonnance positive, il est lié à l'idée de culture plus que de race. Diaspora s'intègre dans la post-modernitée qui réfute l'existence d'un centre unique au profit d'une multitude de points de vue, le refus des nations au profits des cultures. Cette notion correspond aux nouveaux modes de pensées, aux nouvelles valeurs de l'époque. L'importance des racines.
en quoi ce terme est devenu une catégorie de la pratique politique
L'influence epistemologico-phylosophique.
Les philisophes Derrida, Foucault et Deleuze sont à la base de la nouvelle modernité et du post-structuralisme. Ils défendent la thèse selon laquelle la science n'est pas une vérité absolue, il ne s'agit que d'un discours. L'humanité est dispersée et multiple. Le discours scientifique tente d'imposer un point de vue unique par la force. Le paradigme est celui d'une approche anthropologique plus ouverte sur une diversité de méthode. La réalité est une construction sociale et subjective.
Ces auteurs servent de fondements politiques et philosophiques pour les mouvements noirs américains, féministes, homosexuels... Peu à peu diaspora devient le terme désignant des individus n'ayant pas de droits, des individus qui n'existent que par leur culture.
Le terme diaspora est aujourd'hui une oxymore, un paradoxe vivant, un terme qui change de sens. Il n'a plus les notions de territorialité, il est lié à une culture. Suite à ces évolutions multiples, le terme est devenu mûr pour une utilisation massive. Il est utilisé par les modernes, et les post modern, pour la globalisation et l'anti mondiaslisation. Pour défendre des notions de centré d'influence et de réseau. Ce terme est riche d'interprétation et d'oposition.
La conséquence est qu'aujourd'hui on cherche a comparer les diasporas, savoir laquelle est la plus performante. Les nations créent et fabriquent leur propre diaspora. Le terme acquiert une dimension performative, son utilisation forme quelque chose qui n'existe pas. Comment compter la diaspora, quels sont les instruments d'appartenance ?
Ce terme ancien est tout a fait contemporrain, il dissocie le temps et l'espace. Il développe aujourd'hui des notions d'ubiquité et co présence.
Les pays accordent le droits de vote à leurs expatriés sans qu'ils aient besoin de se déplacer., les nations deviennent extra territoriales.
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